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Le baptistère romain


Le baptistère romain
Le baptistère se trouve  non loin de l’actuel rivage des Marines de Bravone, à l’emplacement des vestiges de Santa Maria de Barcaja, petite église piévane paléochrétienne. En vérité, ce qui est visible de nos jours est le fruit d’une succession d’époques, d’heurs et de malheurs, de constructions, de destructions, de remplois des matériaux au gré des nécessités ou des fantaisies architecturales des anciens bâtisseurs. La Corse, colonie tranquille de la conquête romaine, s’ouvre au christianisme comme toutes les contrées de Mare Nostrum, sous l’empereur Théodose le Grand. Ainsi, au IVème siècle furent bâtis un baptistère (comparable à celui de Mariana) et une première église.

La piscine, de forme cruciforme, comprenait quatre escaliers de deux marches immergeant le baptisé jusqu’à hauteur de l’aine, le fond était pavé de dalles de marbre blanc et des amphorettes imbriquées amenaient et évacuaient l’eau par le système bien connu de canalisations antiques. De l’église à trois nefs, érigée au Sud du baptistère, il ne reste que peu de vestiges.

Mme Moracchini-Mazel  émet l’hypothèse qu’elle fut vraisemblablement détruite par le tsunami consécutif à un violent tremblement de terre qui détruisit notamment les villes de Cyrénaïque et de Crête, en l’an 365.

Plus tard, on construit une chapelle funéraire qui aurait pu servir de lieu de culte, au Nord de cette église, dans l’attente de la reconstruction de la deuxième basilichetta. Si la foi transporte des montagnes, elle n’eut aucun mal à rebâtir une église à trois nefs à l’emplacement de celle détruite précédemment, même si elle est sensiblement plus modeste et au détriment de l’emprise au sol du baptistère. La nef est désormais flanquée des deux salles traditionnelles que sont le prothesis au Nord et diaconinon au Sud. Par un étrange système de destins communicants, voilà que désormais la chapelle funéraire se ruine et disparaît.
Le baptistère s’orne désormais de huit colonnettes en marbre blanc qui supporte un baldaquin. Ainsi, vers la fin du IVème siècle les fidèles trouvent en ce lieu un ensemble cultuel sobre, rustique même, mais qui correspond et suffit amplement à la simplicité de la liturgie de l’époque. Au milieu des bouleversements politiques consécutifs au déferlement des peuples barbares sur Rome et notamment à l’invasion Vandale, puis Byzantine et enfin Lombarde (dont furent retrouvées des pièces de monnaie dans le diaconicon), c’est vraisemblablement vers le VIème siècle que de modestes transformations furent opérées : reconstruction de la chapelle funéraire, destruction du baptistère primitif, aménagement d’une piscine circulaire entre les deux bâtiments.

À partir du VIIIème siècle, les Sarrasins d’Espagne et d’Afrique du Nord multiplient les attaques sur les côtes corses. Ils sont certainement à l’origine du long moment d’abandon du site et de sa destruction. Seule une petite église à nef unique, de moins bonne facture, fut rebâtie sur les ruines de Santa Maria à l’époque Carolingienne.
Le rappel  de ces soubresauts architecturaux en phase avec l’intolérance des uns envers la foi des autres est un  éternel travers de l’Humanité !
Les mobiliers inventoriés sur le site : céramiques, poteries, fragments de verre, meules, croix en plomb, briquettes, dolia, fragments de marbre comportant des inscriptions, tuiles à crochet couvrant des sépultures, amphores, monnaies lombardes, autant de témoignages de vies qui s’éteignirent dans l’espoir d’une résurrection.

Cette église piévane ne fut pas reconstruite au Moyen-âge, certainement du fait de l’ensablement du port limitrophe et de la présence sarrasine, qui avaient contraint les populations à remonter vers le piémont du Campoloro.  Le cartulaire qui permit de situer l’endroit précis de Santa Maria de Barcaja fut retrouvé sur l'ile de  Monte Cristo.